top of page
Rechercher

ANGE DU ROCK N°16 : CHRIS SQUIRE

  • Photo du rédacteur: swampfactory
    swampfactory
  • 29 oct. 2021
  • 6 min de lecture

Dernière mise à jour : 8 nov. 2021


Chirs Squire playing triple bass on a wooden stool with Rémi Marand singing.
© swampfactory@hotmail.com

Tous les deux ans depuis l’an 2000 l’organisation autrichienne World Choir Games organise ce que l’on peut présenter comme les jeux olympiques pour les chorales. Selon la charte de cette organisation « l’idée est de rassembler les personnes et les peuples liés par le chant de manière pacifique dans un concours juste ». Tous les pays peuvent participer et envoyer des chorales qui s’affrontent en toute amitié dans plus de vingt catégories. De plus le concours se scinde en deux compétitions : une compétition « ouverte » destinée aux chorales amateures et une compétition « champion » pour les pros ! Pour « la Chorale des Amis » que j’accompagne en tant que chauffeur de bus, le but n’est pas de gagner mais de s’amuser. Rémi Marand, le chef de chœur m’a proposé de conduire à Londres cet ensemble vocal composé d’une vingtaine de membres, joyeux rassemblement de chanteurs et chanteuses plus ou moins âgés dont certains ont choisi la voie religieuse quand d’autres sont restés attachés à des plaisirs plus laïques. Étant proches de certains participants, je n’ai pas pu refuser.


Et nous voici en route pour la finale des chorales amateures. Dans le car que nous avons loué, l’ambiance est déchainée surtout après avoir éliminé en demi-finale, la troupe des « Joyeux Turlurons », chorale Belge venue de Liège que nous avons défoncée. Le programme annonce que nous allons affronter en finale le chœur de l’école Haberdashers Aske’s de Elstree située dans la banlieue Nord-ouest de Londres et dirigée par un certain Chris Squire. Est-ce un homonyme ? Non il s’agit bien du monumental bassiste du légendaire groupe anglais Yes. Le type est aisément reconnaissable : un géant en taille et un poids lourd du rock progressif. Outre son style de basse puissant et virtuose, l’homme s’est spécialisé dans les arrangements vocaux sophistiqués, héritage de son éducation lorsqu’il fréquentait les églises protestantes où l’on sait chanter. Son parcours et sa renommée lui ont même valu l'honneur de voir un astéroïde porter son patronyme... Confronté à la maladie, il a dû arrêter ses activités de rock star et s’est reconverti dans la direction de chœur. Connaissant son histoire et conscient de son parcours exceptionnel de musicien accompli, je ne dis rien à mes compatriotes pour ne pas les faire paniquer. Il est prévu que nous passions prendre les anglais à leur école pour ensuite les emmener à Hampstead où une belle salle nous attend pour nous affronter. Il s’agit d’une « Battle de Chorales » et c’est loin d’être gagné. Pour faire preuve de bon esprit, Chris Squire a choisi de nous accompagner et s’installe dans le fauteuil à l’avant du car, près du chauffeur où nous pouvons converser. Il comprend vite que je suis un amateur. Je connais les vingt et un albums de la discographie de Yes, j'ai tout écouté et j'ai presque tout apprécié. Naturellement, il me demande mon album favori : « Relayer lui répondis-je sans hésiter. En plus la pochette de Roger Dean votre illustrateur fétiche est une de mes préférées. »

Pour lui le sommet du groupe reste Tales from Topographic Oceans, ce double album de 1973 avec un long morceau épique par face, un des fleurons d'une époque révolue où la musique était tout sauf formatée. « J'ai aussi beaucoup de tendresse pour Fly from Here - Return Trip la version de 2018 chantée par Trevor Horn dont nous avions croisé la route plusieurs fois par le passé, plutôt que celle chantée par Benoit David un chanteur sympathique mais moins doué.

– Justement au vu des nombreux changements de line-up du groupe, est-ce que ça a encore du sens d'appeler le groupe Yes ? »


Pour Chris Squire, Yes est devenu un label de qualité et qu'importe les musiciens si le style est respecté.

« On pensait que Jon Anderson était irremplaçable et finalement notre nouveau chanteur Jon Davison fait très bien l'affaire. D'ailleurs quand j'ai décidé de me retirer pour raison de santé en 2015, j'ai choisi mon complice Billy Sherwood, le seul capable de me succéder car je l'avais personnellement formé. Le problème ne vient pas des musiciens mais du business de la musique. Jadis j’avais voulu monter un super groupe avec Jimmy Page. On voulait l’appeler XYZ pour eX-Yes/Zeppelin mais son manager s’y est opposé. En 1983, avec Trevor Rabin nous désirions présenter notre nouvelle formation sous le patronyme de Cinéma mais le label a préféré réutiliser l’appellation Yes pour maximiser les profits attendus avec le succès Owner of a Lonely Heart. Pareil pour le projet de Jon Anderson : à l’origine il voulait le sortir sous l’appellation No. Typique de son humour décalé, mais on l’a convaincu de le nommer Anderson Bruford Wakeman Howe. Çà semblait plus vendeur et moins négatif. Vous savez qu’ensuite on nous a obligé d’enregistrer tous ensemble un album que les producteurs ont baptiser Union… Quelle ironie ! Depuis je ne fais de la musique qu’avec des amis, hier avec Steve Hackett, aujourd’hui avec mes élèves et on a bien l’intention de vous faire pleurer. »

Quand nous arrivons enfin sur les lieux de l’affrontement les deux groupes sont dirigés vers leurs loges. Puis sur scène chaque chorale se fait face et a droit à quatre morceaux qu’elle doit interpréter à capella et à tour de rôle. Les deux chefs sont dos à dos chacun sur une petite estrade, prêts à diriger son ensemble. Monsieur Squire que l’on surnomme Fish est majestueux, à l’aise comme un poisson dans l’eau. Notre Rémi n’est pas mal non plus, surtout que certains locaux l’on confondu avec Chuck Leavell, le directeur musical des Rolling Stones depuis plus de trente ans. C’est vrai qu’il lui ressemble et personne de chez nous ne veut dissiper cet étonnement. La confusion est de plus entretenue quand la « Chorale des Amis » débute son tour de chant par une adaptation en fugue du You Can’t Always Get What You Want des dits Stones plutôt réussie.

C’est au tour des anglais qui attaquent par Jérusalem, le fameux air patriotique britannique composé par Hubert Parry. Leur interprétation est pompeuse à souhait faisant passer celle d’Emerson Lake & Palmer pour une gentille bluette. Les Baritons sont très en voix, il va falloir jouer serrer.

Notre chef d’orchestre est un ancien Jazzman, mais c’est aussi un fan des Beatles cultivé. Il a imposé Yellow Submarine dans une version française chantée par les Compagnons de la Chanson connue sous le titre le sous-marin vert. Les british restent sceptiques devant cette version perçue comme une trahison.

Ils ripostent avec la chanson de noël Silent Night que Chris Squire avait enregistrée avec un chœur suisse en 2017 : classique mais efficace.

C’est sœur Noise qui a proposé le titre Love Hurts mais attention pas celle des Everly Brothers, trop pop à son goût, mais plutôt la cover rock du groupe écossais Nazareth. Les voix rauques des alti sont bien placées et les soprani peuvent s’envoler. Le public semble apprécier.

En réponse nos concourants balancent Video killed the Radio Star le tube des Buggles dans une version très eighties plutôt ratée.

Pour finir il faut taper fort : sœur Anne a choisi de reprendre Paranoid de Black Sabbath pour clore la prestation et en canon s’il vous plait. Elle a aussi réussi à convaincre toute la bande de revêtir une tenue très ecclésiastique tout en noir avec une collerette en dentelle blanche. La mélodie basique plus l’effet visuel des accoutrements font se lever le public enthousiaste. En face, les chemises colorées de nos adversaires semblent les ringardiser. Quand les français sortent de scène en tendant le point avec l’index et l’auriculaire levés, les fans de hard sont déchainés et les pasteurs présents plutôt choqués. Comme ce sont nos compatriotes qui ont commencé, les anglais terminent par I’ve seen all good people un des hits de Yes. La chanson est particulièrement adaptée, les harmonies brillamment exécutées et le succès assuré : chapeau bas, messieurs les anglais, vous avez gagné !


Effectivement après une courte délibération, un jury très britannique déclare le gang de Mister Squire vainqueur. Comment s’en étonner ! Reconnaissons qu’ils ont été excellents. Ils ont gagné le privilège de pouvoir chanter dans la cathédrale Saint Paul au cœur de Londres devant un public avisé. En bon français qui se respecte frère Michel râle en dénonçant un grave manque d’objectivé de la part de ceux qui ont brulé Jeanne d’Arc et qui en plus ont divorcé d’une U.E. tant décriée.

Pourtant nous n’avons rien à regretter. D’abord la chorale des amis n’a pas démérité. Elle a été chaleureusement félicitée et est d’ailleurs sélectionnée d’office pour la prochaine édition qui devrait se tenir à Florence en Italie. Et moi j’ai retrouvé un de mes musiciens préférés. Chris, grand seigneur, quitte la salle sous les applaudissements. Quand il passe à proximité il m’annonce que Yes est en studio pour un prochain album. Il n’y participera pas mais veillera à ce que la légende soit bien préservée.


Comme pour nous la compétition est terminée, nous avons le temps de rejoindre les Turlurons belges, pas rancuniers pour un sou, qui nous ont donnés rendez-vous dans un pub pour une troisième mi-temps qui s’annonce bien arrosée. Après il nous faudra rentrer par le tunnel sous la Manche. A moi de ne pas le louper, c’est loin d’être gagné !


P.S. Ce texte est dédié à sœur Noise mon aimée !

Lemmy Kilmister jackspots!

À lire en écoutant : Yes, Relayer ou Tales from Topographic Oceans

 
 
 

2 comentarios


Françoise Brunet-Villatte
Françoise Brunet-Villatte
31 oct 2021

Absolument fan!

we are thé champion !

Me gusta
Rémi Marand
Rémi Marand
31 oct 2021
Contestando a

On est dans le livre maintenant, génial !!!

Me gusta
Abonnez-vous et recevez la visite des Anges du Rock chez vous !

Merci de vous être abonné.e aux Anges du Rock !

© 2023 by Glorify. Proudly created with Wix.com

bottom of page