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ANGE DU ROCK N°21 : JOHN LENNON

  • Photo du rédacteur: swampfactory
    swampfactory
  • 21 janv. 2022
  • 7 min de lecture

John Lennon playing Rickenbacker guitar in a bed.
© swampfactory@hotmail.com

Marcel Rouah est un homme heureux. Il a rencontré son idole de toujours, Paul McCartney ! Et moi je suis bien content. J’ai fait la connaissance de Marcel ! Notre rencontre a eu lieu lors d’une séance de dédicace dans un supermarché sordide qui cherchait un alibi culturel en invitant des auteurs méconnus. Assis au fin fond de la galerie marchande, nous essayions d’attirer le chaland, lui pour son roman Paul McCartney passe à la maison ce soir et moi pour mon ouvrage Sur les chemins du blues. Aucun client ne semblait intéressé et nous eûmes le temps de discuter de sujets aussi indispensables que le rangement d’une collection de disques, lui préférant le classement thématique et moi l’ordre alphabétique…


Marcel m’a tout de suite paru un type charmant mais un peu allumé. Il était persuadé que son prochain bouquin, une biographie sur son musicien chéri ferait référence dans le monde entier et que pour écrire ce chef d’œuvre, il trouverait le moyen de rencontrer son idole. Le plus incroyable c’est qu’il réussit ! Possédant un enregistrement unique des Beatles période Hambourg, il rentra en contact avec le staff McCartney qui voulut aussitôt lui acheter. Sauf que Marcel ne voulut pas le vendre ! Marcel voulait le donner en main propre à Paul qui accepta.


La rencontre eut donc lieu et ils sympathisèrent immédiatement. Depuis ils ne se quittent plus. Quand Paul est à Paris ils se retrouvent comme deux vieux copains. Marcel emmène Paul visiter des quartiers où la star n’oserait aller, et Paul invite Marcel à manger dans des endroits que le petit français ne pourrait se payer. Face à de telles révélations j’avoue avoir été tout d’abord septique, et n’étant pas du genre à avaler des salades, je réclamai des preuves. C’est ainsi que Marcel me proposa de l’accompagner. J’acceptai et ne fus pas déçu !


C’est à l’hôtel Bristol dans le huitième arrondissement que nous avons rendez-vous. Sir Paul McCartney nous attend dans un salon cozy. Mais il n’est pas seul ! En face de lui, est affalé sur un énorme canapé John Lennon que nous n’avons aucun mal à reconnaitre. Quel choc ! Quarante ans après son assassinat, il est là. Il n’a pas changé. Paul est conscient que cette situation pourrait provoquer des arrêts cardiaques chez quelques millions de personnes dans le monde entier et est visiblement très satisfait de son petit effet. Et toujours très cabot il annonce tout de go : « Je dois m’absenter, je vous laisse avec mon copain John ! »


Après un silence gêné, c’est Marcel qui se lance. John Lennon ressuscité ? Autant en profiter.

« Salut John, on te croyait à New York ? », faisant comme si de rien n’était. Je trouve son ton plutôt cavalier, mais Lennon répond aussitôt, visiblement pas du tout embarrassé et plutôt disponible pour discuter. « Peu de gens le savent mais quand l’autre débile m’a tiré dessus, il n’a fait que me blesser. Il m’a quand même envoyé à l’hosto pour plusieurs années surtout qu’après Yoko m’a installé dans un sanatorium pour personne en convalescence. J’ai pas du tout aimé, et je me suis taillé. Ensuite, j’ai beaucoup voyagé et depuis quelques temps je suis à Paris dans la suite royale de ce palais que Michel Polnareff m’a recommandé et où personne ne vient me déranger. »


J’ose intervenir. « Mais comment est-ce possible que personne n’ait révélé ce miracle ?

– Ma pseudo mort arrangeait beaucoup de monde aux États-Unis. Les journalistes ont tout gobé et comme toujours, plus c’est gros, plus ça passe » s’esclaffe t’il hilare !

Effectivement qui pourrait imaginer que ce vieux monsieur aux cheveux longs, au crâne légèrement dégarni et à la silhouette quelque peu voûtée soit l’ex Beatles ? Plus de lunettes sur son célèbre nez aquilin, John a probablement opté pour une paire de lentilles de contact mais il a conservé sa voix unique au phrasé rock’n’roll et à l’accent scouse toujours très marqué. Je le trouve plus élégant qu’il ne l’a jamais été.


« Et la musique ? s’exclamons nous d’une seule et même voix.


– C’est elle qui me tient en vie ! nous répond John sur un ton philosophe. Et je veux y revenir après toutes ces années d’absence. J’ai plusieurs projets sur le feu : un deuxième album de reprises de classiques de rock avec ce vieux Chuck Berry comme invité ! »


Je l’interromps : « Mais Chuck est mort !


– Ah oui, j’avais oublié. Pourtant je lui devais bien ça. J’ai aussi un projet d’album de duos avec que des copains. Je suis sûr que Bowie serait partant, on s’était bien amusé tous les deux en écrivant Fame en cinq minutes et ça avait bien marché ! Mais chut, ce projet doit rester top secret, Elton John pourrait rappliquer…


– John, il semblerait que David nous ait aussi quitté, surenchérit Marcel.


– Ce n’est pas ce que j’ai lu. Il faudra que je vérifie. On m’a dit qu’il était à Paris, j’ai essayé plusieurs fois de lui téléphoner, mais il ne répond pas. Peut-être qu’il a changé de numéro, nous dit-il pensif. J’ai aussi de nouvelles compositions écrites ici avec Paul. Problème, Sir McCartney veut le sortir sous le nom de « The Fireman », un projet électro qui lui tient à cœur. Il ne cesse de me proposer des arrangements avant-gardistes. Je n’ai pas supporté toutes les expériences sonores de Yoko pendant toutes ces années pour y revenir aujourd’hui. Vous allez voir qu’il va me demander de chanter enfermé dans un de ces emballages qu’elle utilisait sur scène juste pour m’énerver. Nos retrouvailles ont été formidables. Il m’a pardonné How Do You Sleep, et j’avoue avoir versé une larme en écoutant Here Today. Cet enfoiré est toujours aussi bon pour composer des chansons, mais qu’est-ce qu’il peut être agaçant avec son petit air suffisant. Sa discographie est plus conséquente que la mienne ? Et alors, il n’a pas composé que des chefs d’œuvre ; moi non plus d’ailleurs !

Je voudrais aussi ressortir Double Fantasy sans les titres de madame. Avec mes chansons sorties plus tard sur Milk and Honey ça devrait faire un super disque. J’ai juste quelques arrangements à reprendre et l’affaire est dans le sac. D’ailleurs Yoko pourrait faire la même chose et publier un album avec toutes ses chansons à elle qu’on avait enregistré à l’époque. Fini de les alterner avec les miennes, chacun sort un album et on voit qui en vend le plus ! nous dit-il amusé. Mon grand regret c’est de n’avoir pas su imposer les enregistrements que nous avions réalisés avec les gars de Cheap Trick. J’adore ce groupe. Jack Douglas, notre producteur de l’époque y était favorable mais c’est Yoko Ono qui a mis son veto. D’ailleurs, je devrais faire un album entier avec eux. On le ferait produire par Phil Spector. Ensuite on partirait en tournée ensemble, je suis certain qu’on s’éclaterait !


– Bonne idée John, sauf que Spector n’est plus de ce monde, lui dis-je plutôt gêné.


– Non ! Lui aussi ? Je croyais qu’il était sorti de prison, et je voulais le contacter pour le faire travailler, nous répond-t‘il attristé. »


John Lennon rêve d’un come-back avec son nom en grand sur l’affiche. Il a vécu le temps du cd comme une régression, le MP3 reste pour lui une énigme et quand nous évoquons ensemble le retour du vinyle, il semble ravi. Il y voit le signe d’un retour possible. L’envie est là, mais comment faire ?


« Et si tu reformais les Beatles ? » lance innocemment Marcel. J’envoie aussitôt une moue réprobatrice à son encontre, persuadé que Lennon ne veut pas en entendre parler. Surprise, l’ex Fab Four se confie sans hésiter.


« Je n’aurais jamais dû les quitter. C’est moi qui ai foutu la merde. Enfin moi et Yoko… Si c’était à refaire, je m’y prendrais autrement. J’ai proposé à Paul de réunir le groupe mais Georges est aux abonnés absents et Ringo n’est pas fiable. Il ne pense qu’à son All-Stars-Band avec Paul et moi en invités. On pourrait recruter son fils Zak, il est tellement bon avec les Who. Je voudrais aussi impliquer mon fils Julian qui n’a pas eu la reconnaissance qu’il méritait. Ces dernières années, nous nous sommes beaucoup rapprochés.


– Et ton second garçon Sean ? » Notre ami semble alors soudainement en colère.


« Celui-là, ne m’en parlez pas. Il a attrapé tous mes défauts, il est myope comme son père et retors comme sa mère. Facile de dénoncer le capitalisme financier du haut du Dakota Building en oubliant de rappeler qu’il est passé par l’école privée la plus chère au monde. Il a été pourri gâté par son parrain Elton John et en ce moment, on est plutôt fâché. »


Intérieurement je ne peux pas m’empêcher de penser que vouloir sauver la paix sans quitter son lit dans les palaces du monde entier était tout aussi saugrenu, mais bien évidement il n’est pas question de contredire un papa aussi célèbre.


C’est à ce moment-là que nous entendons une voix haut perchée déboulant du hall d’entrée.


« John, John where are you ? » Et aussitôt surgit derrière une imposante monture de lunettes dorée, une dame d’un âge certain, blonde façon champ de blés, recouverte de bijoux clinquants et à la silhouette quelque peu enrobée. C’est Cynthia Lennon la première épouse réhabilitée ! Comme si nous n’étions pas là, elle s’adresse à notre héros qui voudrait disparaitre tellement il est embarrassé. « Tu es descendu sans rien me dire, je t’ai cherché partout, tu devais faire ton lit et ranger tout ton fouillis ! » Aussitôt John répond « Oui chérie, je m’en occupe immédiatement » et sans nous saluer, il disparaît en s’engouffrant dans l’ascenseur.


Nous n’avons pas le temps de réagir que déjà Cynthia s’affale à son tour dans le canapé et nous prend à parti tout en évitant de nous regarder. À l’évidence ce n’est plus la belle et douce égérie réservée des sixties. « Quand nous nous sommes remis ensemble, j’ai accepté à condition que votre petit génie grandisse enfin. À son âge on ne doit plus avoir besoin de maman. J’exige un peu de discipline et ce n’est pas parce que Monsieur Lennon a des moyens qu’il doit se laisser aller ! »


Stupéfait face à une telle apparition, il ne nous reste plus qu’à nous éclipser car nous avons, Marcel et moi deux bouquins à écrire sans tarder.

Beatles pupets.

À lire en écoutant : John Lennon et Yoko Ono, Double fantasy, puis Milk and Honey en prenant soin de sélectionner soit les titres de John, soit ceux de Yoko… À lire en complément : Paul McCartney passe à la maison ce soir de Charles Rouah

 
 
 

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