top of page
Rechercher

ANGE DU ROCK N°4 : DAVID BYRON

  • Photo du rédacteur: Patrice Villatte
    Patrice Villatte
  • 12 mars 2021
  • 5 min de lecture

David Byron from Uriah Heep on a rose elephant © swampfactory@hotmail.com
© swampfactory@hotmail.com

Qui connaît David Byron ? Non pas Lord Byron, le poète du XIXe siècle mais plutôt David Garrick alias David Byron né en 1947 à Epping Essex Grande Bretagne. Ce sir là est connu pour être l’un des fondateurs et le premier chanteur d’un groupe majeur bien que peu reconnu de hard rock britannique, j’ai nommé Uriah Heep !


À l’origine de cette histoire, ma rencontre avec Mika Järvinen, finlandais de naissance, concepteur d’un opéra rock oublié et leader du groupe Crazy World programmé ce jour là au fameux festival Crescendo de Saint-Palais en Charente-Maritime. Mika en profitait pour y vendre son livre, un pavé consacré à son groupe fétiche dont le seul défaut était qu’il était publié en finlandais… Mais nous avions discuté et grâce à son intermédiaire je pus contacter David, rockeur oublié et officiellement décédé le 28 février 1985.

Un appel téléphonique permit rapidement de programmer une rencontre avec le chanteur visiblement très demandeur pour évoquer sa gloire passée et sortir d’un anonymat mal digéré.


Par une belle journée d’automne je me rends donc à Alicante, fameuse station balnéaire espagnole où David a depuis plus de trente ans posé ses valises d’exilé rock’n’roll, envoûté par une superbe danseuse de flamenco qui ne l’a jamais quitté. Il vit au dernier étage d’un des plus hauts buildings de la ville qui domine la baie et il peut ainsi mater la fameuse San Juan Playa. D’ailleurs la présence d’une imposante longue vue monoculaire prouve qu’il ne s‘en prive pas. Très chaleureusement, il me présente son appartement, plus ordinaire que véritablement luxueux et décide de nous installer sur la grande terrasse qui nous tend les bras. Physiquement David a bien sûr payé le prix d’un vieillissement inévitable, mais il lui reste des cheveux et surtout sa fameuse moustache qui lui donne un air de D’Artagnan, mousquetaire du roi mâtiné d’un look à la Guy Fawkes, l’anarchiste de la « Conspiration des poudres » : bref il a encore fière allure.


Accompagnés d’un pack de bière déjà bien éventré, le spectacle alors peut commencer. Byron est toujours en représentation, c’est un show-man insatiable déjà passablement éméché. Nul besoin de lui poser des questions : quand il est lancé personne ne peut l’arrêter.


« Tu as vu le coffret que les gars de Uriah Heep viennent de publier ? Pour les cinquante ans du groupe, ils auraient pu faire un effort. Quand je pense à l’anthologie de ces gros lourds de Nazareth ou encore à celle de nos potes de Wishbone Ash avec toute leur discographie impeccablement rééditée, plus des trente-trois tours live jamais sortis, des posters et tous les grigris, je me dis que Mick Box aurait pu faire mieux : réunir certains de nos albums sur des cds sans la pochette originale, certains titres non-remastérisés, un seul et unique vinyle et des documents mille fois publiés, ça paraît un peu léger pour satisfaire les amateurs. »


Je lui fait remarquer que les reproductions des illustrations de Roger Dean sont quand même soignées et que l’idée de demander à certains des musiciens de rassembler leurs morceaux préférés sur des cds inédits semble être un chouette bonus.

« OK sauf qu’ils auraient pu me demander. Le plus drôle c’est que pour l’essentiel, ce sont des chansons de mon époque qui ont été choisies. De toute façon, tous les fans du groupe te le diront, les meilleurs disques du Heep sont les dix albums que nous avons réalisés entre 1970 et 1976, le live de 73 étant notre sommet, même si je considère Return to fantasy comme mon préféré.


- Mais alors pourquoi les avoir quittés ?


- Tu sais bien qu’ils m’ont viré pour mes soi-disant problèmes d’alcoolisme, ce qui vu les problèmes de drogues de certains pourraient prêter à sourire. »


À ce moment de la conversation David passe de la bière au rhum trempé dans une boisson orangée…


« Cela faisait un moment que le ver était dans le fruit, nous avions perdu Gary Thain électrocuté sur scène façon Spinal Tap et quand Gerry Bron, ce tyran manager a choisi de sortir High and Mighty avec comme premier titre, une composition principalement chantée par notre bassiste de l’époque John Wetton, la coupe était pleine et je suis parti. De toute façon, engager John a été une erreur. Il était venu pour cachetonner et d’ailleurs il n’est pas resté. Les chanteurs qui m’ont succédé n’étaient pas tous mauvais, mais question charisme je les ai tous enterrés ; et à propos du petit dernier, je le plains de devoir passer toutes ces années à m’imiter… Autre chose qui m’a vraiment gonflé, c’est cette presse qui n’a pas cessé de nous dénigrer et de nous comparer à Deep Purple. Certains critiques sont vraiment sourds ou de mauvaise foi. Au début des seventies les quintets avec chant orgue guitare basse et batterie étaient la norme. Nous avions tous le désir de sortir de la pop pour un son plus hard. Mick Box ne sonnait pas comme Richie Blackmore, nous étions aussi bons qu’eux et question harmonies vocales, nous étions bien meilleurs ! Mes textes se voulaient héroïques, fantaisistes, et oniriques et mon chant façon opéra oscillait entre poseur outrancier et dieu du rock’n’roll. Bon, question fringues ridicules, sur scène on a parfois un peu exagéré mais c’était l’époque qui voulait ça et du haut de mes platform shoes le monde semblait m’appartenir. D’ailleurs parler me donne soif ! Et si on s’ouvrait une bonne bouteille d’Abadía Retuerta Pago Garduña 2015 ? »


Sur cette terrasse face à la mer, avec derrière le soleil couchant, le vin espagnol aidant, David passe d’une humeur joyeuse à un ressentiment plutôt amer. Son regard se fait plus vitreux et son débit moins rapide.


« Quitter Uriah Heep ne m’a pas posé de problème, un autre projet sur le feu m’attendait ! J’avais décidé de monter Rough Diamond avec Clem Clempson un des meilleurs guitaristes qui venait de quitter Humble Pie et Geoff Britton batteur plus que compétent et ancien membre des Wings de McCartney. Island Records nous a fait enregistrer un album aujourd’hui très recherché et malgré un litige avec un autre groupe qui revendiquait le mème nom, tout roulait pour nous. Le disque est sorti en février 77 et patatras, ces enfoirés de punks ont débarqué. Nous sommes instantanément passés du statut de rock stars à celui de losers patentés, le temps des supers groupes était passé. Après ça ce fut une longue descente aux enfers et vu mes fréquentations j’ai choisi de disparaître… »

Malicieux malgré tout, David rajoute : « sais-tu que si Mick Box est le véritable Uriah Heep, ce personnage manipulateur du David Copperfield de Charles Dickens, Ken Hensley serait plutôt le James Steerforth du roman, un gars qui sait charmer pour mieux dominer. Je n’oublie pas que c’est lui le principal compositeur des hits du groupe, le sorcier des claviers et l’enjoliveur du bottleneck. Le vrai génie, c’est lui ! J’ai d’ailleurs appris récemment qu’il s’était installé à Agost tout près d’ici. J’ai vraiment envie de le revoir. Qui sait ? on pourrait peut-être refaire un peu de musique ensemble. Ce serait super, qu’en penses-tu ? »


Tel un ciel menaçant, un gros malaise vient nous envelopper… Je sais qu’il est au courant pour la mort de son ancien batteur Lee Kerslake, mais visiblement il ignore que l’on vient d’annoncer le décès de Ken, survenu le 4 novembre dernier à l’âge de 75 ans. Comment lui dire ? Je prends alors mon courage à deux mains et sans tergiverser je lui annonce la triste réalité. David est en pleurs, choqué, son monde vient de s’effondrer. L’obscurité est tombée sur Alicante, le vent se fait léger, la nuit est splendide mais je quitte un homme meurtri, désespéré, solitaire perdu face à une bouteille de vodka Stolichnaya qui est depuis longtemps son seul et unique équipier. Pour David Byron le rock’n’roll circus vient définitivement de s’achever !

À lire en écoutant : Uriah Heep, Live 1973

 
 
 

1 opmerking


Françoise Brunet-Villatte
Françoise Brunet-Villatte
14 mrt 2021

ça s'étoffe ça s'étoffe ce blog et nous fait voyager! Encore bravo ! Et les illustrations toujours aussi cool!

Maintenant ce Byron du 20e siècle n'a plus de secret pour nous.

Juste le nom de Uriah Heep qui reste encore un nom très mystérieux pour moi..


Like
Abonnez-vous et recevez la visite des Anges du Rock chez vous !

Merci de vous être abonné.e aux Anges du Rock !

© 2023 by Glorify. Proudly created with Wix.com

bottom of page