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ANGE DU ROCK N°5 : JOHN PRINE

  • Photo du rédacteur: Patrice Villatte
    Patrice Villatte
  • 26 mars 2021
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 9 avr. 2021


John Prine watching Félix Villatte playing guitar © swampfactory@hotmail.com
© swampfactory@hotmail.com

Tous ceux qui connaissent la chanson Angel from Montgomery savent que John Prine est un immense auteur compositeur et une source d’inspiration pour de très nombreux musiciens. Félix, le guitariste chanteur français de l’excellent groupe Parc de Sceaux a d’ailleurs écrit pour l’album We Should Be A Sleep By Now une belle chanson qui porte le nom de cet américain né en 1946 dans l’Illinois au nord de Chicago. Mais comment un jeune type peut-il connaître ce vieux songswriter américain ? Intrigué, je me dis qu’il est temps de le questionner.


Bizarrement le rendez-vous a lieu à la cafeteria de l’aéroport de Roissy… Dès que j’aperçois ce grand gaillard barbu, je comprends : il a pris un billet pour Nashville et part rencontrer John Prine ! Aussitôt il me demande le plus naturellement du monde : « Veux tu m’accompagner ? », et moi de répondre sans hésiter « Ok ». C’est décidé. Nous nous envolons en direction de la capitale mondiale de la country !


Nous savons que John Prine ne va pas bien et à notre arrivée aux States ce 7 avril 2020, les radios viennent d’annoncer son décès, victime du coronavirus. Déconfis, l’âme en peine, il semble que nous arrivons trop tard et il ne nous reste plus qu’à aller traîner autour du Greystone Park Hospital où John a été hospitalisé. C’est un bâtiment de granite sinistre et lugubre qui sert aussi d’asile, un de ces endroits où l’on n’a vraiment pas envie de finir ses jours, un lieu totalement dépourvu de spiritualité.


Voyant sans doute en nous deux fans désespérés, une femme s’avance vers nous. On doit lui faire pitié. Il s’agit de Fiona, son épouse qui, coup de théâtre, nous annonce la nouvelle : « John n’est pas mort ! Et d’ajouter : ça lui fera du bien d’avoir de la visite. »


Pour Félix c’est un pèlerinage, son visage rayonne, il va pouvoir rencontrer John Prine. Personnellement je ne peux pas m’empêcher de penser au jeune Dylan, qui à l’aube de sa célébrité était venu anonymement rendre visite à son maître Woody Guthrie allongé sur son lit de mort au crépuscule de sa vie.


En toquant à la porte de sa chambre, l’angoisse nous étreint : allons nous déranger ou allons nous nous faire virer ? Une faible voix nous dit d’entrer. Surprise, John n’est pas alité. Bien sûr, il est encore perfusé et a besoin d’une aide respiratoire. Assis dans son fauteuil roulant, il nous fait part de son plus grand désir : « quitter cette chambre, aller se balader ! » Pas besoin de se concerter, nous voila partis façon Jack Nicholson dans « Vol au-dessus d’un nid de coucou ». Ce n’est pas une sortie autorisée, c’est une évasion… Félix ouvre les battants et je pousse John, transformant sa chaise à roulette en bolide, sans oublier de traîner les équipements, la bonbonne à oxygène et tout le tremblement. À cette allure il ne nous faut que quelques instants pour nous retrouver à l’air libre, dans ce parc attenant, particulièrement accueillant. C’est à l’ombre d’un magnifique chêne Southern live oak que nous trouvons refuge. Un banc nous attend.


« Merci les gars, je me sens revivre. Mais au fait, s’adressant à Félix c’est une guitare que tu traînes là. Ne crois tu pas que c’est le moment de nous régaler ?


À ce moment, pour le jeune artiste, le rêve peut tourner au cauchemar. John Prine a sorti son premier album en 1971, ses chansons ont été reprises par Kris Kristofferson, Joan Baez, Bette Midler, Bonnie Raitt, Susan Tedeschi, Alison Krauss et Robert Plant et tant d’autres encore. Dylan pourtant avare en compliment l’a plusieurs fois adoubé. Johnny Cash l’a régulièrement cité comme l’un de ses auteurs préférés et Roger Waters avoue préférer écouter Prine plutôt que Radiohead… La jeune génération ne s’y est pas trompée et l’album hommage de 2010 avec Bon Iver, Lambchop, Justin Townes Earle et les autres, est un cri d’amour et d’admiration pour ce grand bonhomme. Quand vous rajoutez les multiples distinctions reçues, Prix PEN, Songwriters Hall of Fame et Grammy Awards en tous genres, on peut comprendre que le frenchy n’en mène pas large. De sa voix brisée par l’âge et le cancer John insiste, et Félix cède. Il entonne sa chanson hommage puis enchaîne plusieurs de ses compositions, plus une version chaloupée et complètement décalée du Ma Gueule de Hallyday. John Prine les yeux clos, écoute. Visiblement, ce poète qui a passé sa vie à chanter les vies ordinaires des gens simples avec humour et compassion est séduit. Se retrouve t’il dans cette voie nouvelle, dans cette énergie première ? Se revoit-il seul, armé de sa guitare dans les clubs face à un public clairsemé ? Peut-être. Le sourire qui émerge de son visage abîmé nous suffit, et quand il nous dit : « Prenez contact avec mon label Oh Boy records , ça devrait les intéresser », nous sommes au paradis. Les anges de Montgomery ou d’ailleurs nous ont pour un instant enveloppés de leur ailes de plumes argentées. Le miracle s’est accompli, John Prine revit !

Félix Villatte under a Southern live oak tree.

À lire en écoutant : John Prine 1971

 
 
 

2 comentarios


Laurent Ganem
Laurent Ganem
16 abr 2021

Formidable voyage! Longue vie aux Anges du Rock

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chatterbox.zik
30 mar 2021

Bravo pour John Prine, Bravo Parc de Sceaux et Bravo pour le retour de l'aureole...

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